Thứ Sáu, 27 tháng 11, 2020

SA BLESSURE NON-SAIGNANTE

Trần Mộng Tú  

(Gửi Tác Giả Mặt Trận Ở Saigon - Ngô Thế Vinh)

Il avait fait adieu à la guerre
Mais la guerre ne l’avait jamais quitté
C’était juste comme un fer chauffé
Pressé rouge ardent contre son sein jusqu’ à son coeur
Il courbait la tête vers sa poitrine et soigneusement pelait les croûtes
Les pelures se détachaient comme des feuillets
Les feuillets remplis de blessures
Les villages désolés et abandonnés
Le terrain ravagé par les cratères des bombes de B52
pas d’ombre d’un seul enfant
Ni même une personne âgée en vue
Y a t’il d’autre chose aussi douloureuse

Et autant déchirante
Que parmi les désolations et des ruines
d’entrevoir un homme portant sur son dos un cadavre
Durant un ouragan aveuglant
Dans un temple Khmer déserté
Un enfant de Dieu
Confiant au Bouddha l’âme de son camarade déchu
Hélas c’est la guerre
La plaie de ce siècle
Étaient Dieu et Bouddha ensemble en là aussi?
Une guerre sans nom
Une mort sans dénomination
Où un soldat de ce côté serait appelé un ennemi par le côté opposé
Les humains ne sont plus effrayés des bêtes sauvages
Mais ils ont peur de leur propre espèce
Il y a des choses pendant toute une existence humaine
Qui dépassent notre compréhension
Pourquoi est’ il que “naitre au Nord pour mourir au Sud”
Une exhortation pour les frénésies de tueries
Qui était la personne qui avait inventé cet horrible slogan?
Ces morts anormales et insignifiantes
D’être mort par les battements des rotors tourbillonnants
d’un hélcoptère survolant une piste d’atterrissage
L’obsession durant des années et des années de terreur
C’est cette mort si étrange sur le champ de bataille
Une mort sans saignement
La blessure au dessous de la marque sur son sein
Chaque fois qu’il l’exposait, il pourrait encore entendre
Les sons altérés des hurlements des soldats alliés
Qui venaient au Vietnam et ramenaient dans leur propre pays
des infirmités corporelles et des cauchemars interminables
Ils ne pourraient jamais retourner à une vie normale
Leur formes corporelles encore bourrées de guerre
Pareilles aux cruches d’eau fluctuante qui refusent de déverser
Sous cette blessure il peut encore décoller descroûtes sèches
… Comme ces camarades qui ont choisi de rester au pays
Avec indifférence ils s’acquittaient de leurs tâches en y mettant tout leur  coeur jusqu’à ce qu’ils soient rejetés
Ils se sont occupés des malheurs des autres
Sans se soucier de leur propres malheurs
Que pourraient-on trouver d’autre chose sous cette blessure de lui
Avec chaque jour il perd un morceau decroûte
 sèche   
   … Qu’il ne pourra retrouver
Et il a déjà oublié
Tout comme ces soldats déchus et déjà oubliés   
Quand les vivants ne se souviennent plus des morts,
ces morts mourront une seconde mort
Pourtant il y avait un temps
Au retour du monde des morts
Ces pauvres soldats
ont du faire face au front de bataille dans la ville
Des jungles ils ont été ramenés à la capitale
Pour protéger et apaiser les gens qui crient pour la guerre
mais c’étaient les mêmes personnes qui se sont restées
en dehors du combat
Et les soldats soudainement sont transformés en bêtes solitaires
Totalement déconcertées au milieu du front de bataille dans Saigon
Hélas après tant d’ années écoulées
Il a resté derrière
Il a été incarcéré
Puis il a quitté
Contemplant les vicissitudes de la vie
Il décolle les croutes sur ses blessures
Et se demande que reste t’il encore?
Y a t’il d’autre chose à donner?
Est ce trop tard pour un retour?

tmt     
 9/11/2020 – 11/11/2020
[ Traduit du vietnamien par Đặng-Vũ Vương ]